Chénopode blanc au bon stade pour la cueillette des feuilles

Le chénopode blanc – « mauvaise herbe » comestible

Si vous avez un potager il y a de grandes chances que vous connaissez le chénopode blanc. Beaucoup de jardiniers le considèrent comme mauvaise herbe et l’arrachent dès qu’il apparaît. Pour ma part, je le salut chaleureusement, je le laisse pousser et je me régale d’un légume excellent qui ne m’a coûté pas un sou ni un geste supplémentaire avant de pouvoir le récolter. Le bonus gratuit du jardinier !

Plante annuelle aux feuilles en forme de patte d’oie

Le chénopode blanc (Chenopodium album) est une plante annuelle de la famille des Chénopodiacées (ou Amaranthacées selon les écoles), la même famille dont font partie les épinards. « Annuelle » veut dire que le chénopode fait son cycle végétatif en un an : la graine germe, la plante pousse, fait des feuilles, des tiges, des fleurs puis des fruits, elle « jette » ses graines et elle meurt.

La plante atteint 20 cm à 1,20 mètre de haut et est – à l’épanouissement – très ramifiée. Les feuilles qui sont placées sur la tige de façon alterne (d’un côté, un peu plus haut de l’autre côté et ainsi de suite) sont vert moyen/foncé sur le dessus et blanchâtres en-dessous. Elles ont une forme de patte d’oie. D’ailleurs le nom « chénopode » vient du grec, chen = oie et podion = patte. Et « blanc » (album) parce que le dessous des feuilles est blanc.

Par contre, souvent les feuilles qui se trouvent en haut de la tige épanouie sont entières, c’est à dire non découpées en patte d’oie mais simplement allongées.

Feuilles de chénopode

Quand vous touchez une feuille (surtout les feuilles du haut de la plante), vous allez sentir sur vos doigts une sorte de poudre, une couche farineuse qui se trouve sur le dessous des feuilles. Il s’agit de petites billes de silice, caractéristiques du chénopode.

Tiges, fleurs et fruits du chénopode blanc

Les tiges du chénopode blanc sont dressées, anguleuses et très rameuses. Elles sont vertes (parfois un peu violacées) et striées de bandes blanchâtres. C’est particulièrement bien visible sur cette photo où vous voyez la tige d’une plante de 1,20 m de hauteur en pleine floraison. Attention, ce n’est pas toujours aussi nettement visible sur toutes les tiges.

Tige de Chenopodium album
Tige de chénopode blanc

Les fleurs sont verdâtres/ grisâtres, très petites et se trouvent en grappes au sommet des tiges. La floraison s’étale de juillet à octobre.

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Puis c’est le tour des fruits de se former. Ils sont toujours verdâtres/ grisâtres et et renferment des graines rondes, noires et luisantes.

Chénopode blanc en fleurs
Chénopode blanc en fleurs

Habitat du chénopode blanc

Pourquoi est-ce que l’on trouve le chénopode souvent dans les potagers ? En fait il s’agit d’une plante colonisatrice qui aime les terrains vagues, fraîchement retournés et les terrains riches en azote. Dans la nature ces conditions sont réunies sur les rives encore sauvages, là où les rivières remuent le sol lors des crues et y déposent des limons fertiles. De manière artificielle ces conditions sont recréés dans les jardins et les cultures : sol travaillé et apport en matières azotées. L’idéal pour que le chénopode s’y sente bien !

Différentes espèces de chénopode

Il y a plusieurs espèces de chénopode mais c’est le chénopode blanc (Chenopodium album) que je rencontre le plus souvent dans le Centre de la France. J’observe parfois le chénopode hybride (Chenopodium hybridum), également dans les potagers. Il a les feuilles un peu plus foncées, légèrement luisantes, plus pointues et surtout, elles ne sont pas blanches en dessous.

J’ai aussi cru reconnaître le chénopode rouge (Chenopodium rubrum) par-ci par-là, teinté de rouge au sommet.

En altitude (Massif Central, Alpes) il m’es arrivé régulièrement de rencontrer et de consommer le chénopode Bon Henri (Chenopodium bonus henricus), aussi appelé épinard sauvage. Il a les feuilles plus grandes et quand on tombe sur une « touffe » de Bon Henri on a vite fait de remplir son panier !

Chénopode Bon Henri
Chénopode Bon Henri (Chenopodium bonus henricum)

Chénopode comestible

Bonne nouvelle : toutes ces espèces de chénopode son comestibles et, de plus, excellentes !

Les feuilles du chénopode blanc crues ont un goût de petit pois crus, sans (ou avec très peu d’) amertume. Sa texture est également agréable et j’en fait une vraie base de salade. C’est à dire que je remplace carrément la salade verte par les feuilles de chénopode cru. Ou alors j’utilise le chénopode blanc cru comme partie importante d’une salade composée comme dans cette salade de concombre :

Salade concombre chénopode

Cuit, le chénopode est également excellent, il fait beaucoup penser aux épinards sans en avoir le goût acide. J’utilise les feuilles de chénopode ainsi que les fleurs au sommet en légume d’accompagnement, en quiche, en farce… comme les épinards.

Attention à l’acide oxalique

Comme les épinards, l’oseille et la rhubarbe, les différentes espèces de chénopode contiennent de l’acide oxalique. Il ne faut de ce fait ne pas en abuser parce qu’ils peuvent à la longue provoquer par exemple des calculs rénaux. Aux personnes sensibles aux reins ou avec des problèmes arthritiques il est conseillé de ne pas consommer de chénopode pour cette raison.

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Cet acide oxalique peut d’ailleurs être utile à la confection d’un pesto. J’aime ajouter un peu de chénopode à mes pestos de plantes sauvages car son acidité prévient l’oxydation trop rapide de la préparation qui garde sa couleur plus facilement.

Composition nutritionnelle du chénopode

Le chénopode contient beaucoup de protéines et des quantités non négligeables de vitamine C, provitamine A, vitamine B, de fer, de calcium et de potassium.

Le chénopode blanc – bonus du jardinier

J’espère qu’à partir de maintenant vous allez considérer le chénopode à sa juste valeur. S’il apparaît de façon spontanée au potager c’est qu’il y a sa place comme légume au milieu des autres légumes.

Ce n’est pas le paradis d’avoir des légumes qui tombent du ciel ?!

Crêpe farcie au chénopode

Crêpes farcies au chénopode blanc

Ici une recette toute simple de crêpes au chénopode.

Ingrédients

  • 150 g de farine de sarrasin
  • 1 oeuf
  • environ 30 cl d’eau
  • 1/2 cuillerée à café de sel
  • 1 panier de chénopode blanc
  • 1 oignon
  • huile d’olive
  • Sel
  • 4 cuillerées à café de crème végétale ou crème fraîche

Préparation

Préparer la pâte à crêpes : Mélanger la farine avec le sel, l’oeuf et la moitié de l’eau. Incorporer petit à petit l’eau afin d’obtenir une pâte homogène. Laisser reposer 1/2 heure.

Retirer les feuilles et pousses de chénopode (le haut de chaque tige avec les éventuelles fleurs) des tiges trop dures. Gardez les parties souples.

Laver et égoutter le chénopode.

Hacher l’oignon et le faire revenir 2 minutes dans de l’huile d’olive. Ajouter le chénopode et verser un petit verre d’eau. Couvrir d’un couvercle et faire cuire à feu doux pendant 10 minutes. Enlever l’excédent d’eau si besoin.

Mélanger avec la crème et saler.

Faire cuire les crêpes et les farcir du chénopode.

Vous pouvez à votre guise ajouter à la farce du chèvre, du fromage râpé, du jambon, des lardons, du tofu fumé, un oeuf sur le plat…

Crêpes farcies au chénopode

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8 thoughts on “Le chénopode blanc – « mauvaise herbe » comestible

  1. Merci pour cet article
    Je pensais que l’on pouvait également manger les graines un peu comme l’amarante
    Vous le confirmez ?

  2. Bonjour,
    Je le « cultive » avec amour car en plus il est beau car à marbrures violettes chez nous (j’en ai importé un pied du Pas-de-Calais et il s’est joyeusement multiplié en Limousin). Je le cuisine régulièrement en genre de flammenkuche.

    1. La meilleure période est en mai/ juin mais quand la terre est retournée il peut y avoir des repousses plus tard. Je viens de voir du chénopode en début de développement et parfait à utiliser dernièrement encore, en novembre.

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