Les plantes sauvages qui sont comestibles sont souvent également médicinales. Pour approfondir cet aspect j’ai rencontré Christophe Bernard, praticien en herboristerie et créateur du blog Altheaprovence, dans sa garrigue provençale. Il nous parle avec passion des vertus thérapeutiques des plantes dans le but de donner à chacun les outils pour prendre en main sa propre santé.
Dans l’interview nous abordons entre autre les questions suivantes :
- En quoi les plantes peuvent-elles nous aider à prendre en main notre santé ?
- Qu’est-ce que l’herboristerie ?
- Sous quelles formes peut-on prendre les plantes médicinales ?
- Les plantes sauvages comestibles, que peuvent-elles nous apporter au niveau santé ?
- Et nous regardons de près les propriétés médicinales de trois plantes comestibles commune
Transcription de l’interview
(Nathalie Deshayes) – Bonjour, je suis heureuse de vous présenter Christophe Bernard. Merci de prendre le temps de nous parler aujourd’hui de ta passion.
(Christophe Bernard)- C’est un grand plaisir pour moi d’être là.
– Dans ta garrigue provençale.
– Chez moi absolument.
– Alors tu as créé il y a une dizaine, même un peu plus que ça, d’années le blog Altheaprovence qui parle des plantes sauvages… des plantes médicinales en général. Donc tu es aussi conseiller en phytothérapie, donc tu soignes aussi des personnes.
– Attention vilain mot… on ne soigne pas, on accompagne et on conseille.
– Voilà conseiller. Tu es aussi enseignant à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales. Tu fais plein de choses en fait, tu as créé plusieurs formations en ligne, donc tu as à coeur de transmettre mon savoir. On peut aussi te lire ou à une époque on pouvait te lire dans plusieurs magazines. Et bien sûr tu as ta chaîne YouTube où tu publies très régulièrement des vidéos extrêmement intéressantes, donc je vous les conseille.
Et comme je parle surtout les plantes comestibles je trouve que ton activité est très complémentaire parce que beaucoup de plantes comestibles sont aussi médicinales. Et donc cet aspect là il est complémentaire donc j’avais envie d’en parler avec toi.
Derrière toutes ces activités quelle est ta motivation ?
– Ma motivation à la base j’aurais bien du mal à te l’expliquer parce que je suis littéralement tombé amoureux de ce sujet là, le concept de la plante médicinale qui soigne effectivement. Les plantes avaient toujours fait partie de mon histoire, de mon enfance. C’est vrai que j’ai eu la chance de grandir dans une famille où on était souvent exposés à la nature. J’ai pas mal évolué ici dans le Vaucluse et dans les Alpes de Haute Provence où j’avais la famille et on était constamment à aller chercher des petites choses, ramasser. Mon grand père était un grand amoureux de pêche, de chasse, de nature donc on était souvent en extérieur. Mais je ne pourrais pas te dire qu’à l’époque c’était non plus une grande passion c’était juste, ça faisait partie de ma normalité.
Après bon j’ai fait des études j’ai fais un métier qui est somme toute assez traditionnel par rapport à la définition de métier moderne aujourd’hui et puis à un moment je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui ont fait que je me suis vraiment intéressé à la plante médicinale. Je pense quelque part c’était le manque de quelque chose que j’avais connu pendant une partie de ma vie et qui s’est exprimé tout à coup comme en gros gouffre, quelque chose qui me manquait. Je m’étais tellement déconnecté de cette nature qu’il fallait que que j’y retourne et je pense que c’est cette porte qui s’est ouverte c’est la partie vraiment, la plante qui nous accompagne, la plante compagne comme dirait Pierre Lieutaghi ou même la plante qui soigne.
J’ai trouvé ce concept là fabuleux, le fait que l’homme dans son environnement ait toujours eu toutes les ressources nécessaires à la fois pour se nourrir et pour se soigner et qu’on avait perdu d’une manière massive tout ce savoir ces dernières décennies. Tout ça c’est arrivé, comme si ça avait été un petit peu un choc, un réveil et à partir de ce moment là c’est devenu, je ne sais pas si c’est une passion ou obsession, enfin quelque part entre les deux voilà.
– Oui c’est ce que je retrouve avec les plantes comestibles. C’est que c’est devant nos pieds et on a perdu le lien avec ça mais en fait il y a tout ce qu’il faut dans la nature.
En quoi c’est intéressant d’utiliser les plantes pour se soigner ?
– Alors si on prend du recul je pense que la chose la plus importante aujourd’hui c’est de rentrer dans un grand processus de réflexion au sujet de notre situation, qui nous sommes, où est-ce qu’on en est dans notre vie, quelles sont nos problèmes de santé, est-ce qu’on a une idée de pourquoi on est arrivé à ce point là et est-ce qu’on est prêt à faire table rase pour trouver des solutions. Et pour moi les plantes font partie de cette démarche parce que une fois que tu commences à t’intéresser aux plantes tu es obligé d’élargir, de t’intéresser aux grands piliers du bien-être, aux grands piliers de la naturopathie.
Très très vite le cercle s’élargit et c’est comme si tu prenais de l’élévation sur ta vie et que tu te disais, oh merde, il y a des choses à faire, il y a des choses à changer. Donc les plantes en fait ce sont un petit peu des alliés, des compagnons qui nous prennent ma part la main à un moment et qui nous disent on va t’emmener faire un long voyage, tu vas apprendre à connaître ce que c’est que le romarin, d’ailleurs il y en a partout autour de nous aujourd’hui en fleurs. On va t’apprendre à quoi sert le romarin et au passage on va te parler du foie, on va te parler de la détoxification et peu à peu tu es obligé de te prendre en pleine face le fait que tu n’as pas vécu peut-être une vie qui était très bonne, très optimale jusqu’à maintenant.
Donc ça va te forcer à reprendre en main toi-même. Parce-que moi je suis aujourd’hui fermement convaincu que le chef d’orchestre de notre santé c’est nous. C’est personne d’autre. Qu’on arrête de nous faire croire qu’il y a quelqu’un qui va nous prendre par la main et qui va nous guider pour nous dire ce qui vous faire, c’est faux. Si nous on ne s’intéresse pas à ce qui pas à ce qui est le meilleur pour personne ne va le faire pour nous. On a des personnes qui nous aident bien sûr, on a tout le système médical, on a un système à l’extérieur du système médical. Tout le monde a son rôle et sa place à jouer mais au final le chef d’orchestre pour mes problèmes de santé c’est moi et personne d’autre.
Donc le rôle de la plante c’est que j’ai peut-être des problèmes de migraines et un jour je vais acheter un livre et je vais commencer à lire et je vais voir que la grande camomille elle peut m’aider pour mes maux de tête. Donc qu’est ce que c’est la grande famille où c’est que je la trouve, je peux en acheter dans les herboristeries, quel goût ça a à l’infusion, est-ce qu’il y a d’autres formes que je peux utiliser… C’est un effet boule de neige que moi j’ai connu dans mon apprentissage que toi tu as dû connaître dans ton un apprentissage des plantes sauvages. Donc quelque part oui pour résumer je dirais que la plante médicinale comme alliée nous prend par la main et nous tire pour faire les bonnes et grandes réflexions au sujet de notre santé aujourd’hui. Très philosophique tout ça.
– Un vaste programme…
Prendre en main sa santé à travers les plantes c’est la phytothérapie ?
Parce qu’on peut se servir des plantes de différentes manières.
– Alors il y a plusieurs termes pour décrire le petit monde dans lequel nous vivons. C’est vrai qu’au travers des années on a utilisé certains termes comme la phytothérapie, la médecine par les plantes, l’herboristerie. Et aujourd’hui nous il y a un terme qui nous interpelle beaucoup c’est le terme de l’herboristerie. Parce que dans l’herboristerie il y a une longue tradition de la plante et c’est aussi une tradition de la plante quelque part du peuple.
Parce que phytothérapie ça a toujours cette notion de très scientifique de très sophistiqué peut-être un savoir qui n’est pas atteignable au commun des mortels. Ça a été aussi un terme qui a été très utilisé par la profession médicale. Vu qu’on était médecin phytothérapeute. Donc nous c’est un terme dans la filière qu’en fait on n’utilise pas. On aime beaucoup ce terme herboristerie donc moi par exemple me considère un praticien en herboristerie.
Avec ce terme d’herboristerie aujourd’hui qui n’est pas juste cette personne derrière un comptoir. C’est vrai que l’histoire de l’herboristerie c’était la personne qui vendait des plantes. Mais aujourd’hui on aimerait lui donner une vision beaucoup plus globale en fait ce sont toutes ces personnes qui travaillent proche du vivant, proche du naturel. Ce sont les cueilleurs de plantes médicinales car cueilleur c’est un métier. Il y a des cueilleurs qui travaillent pour qu’on mette des belles plantes dans nos tasses aujourd’hui. Il y a les producteurs qui font pousser la plante. Il y a les transformateurs qui fabriquent des teintures, des macérats huileux pour nous. Il y a donc des boutiques qui vendent des plantes et puis il y à des personnes qui les conseillent voilà.
Toute cette filière aujourd’hui qui comprend plusieurs métiers nous on aime bien utiliser le terme herboristerie. On espère que ça va s’établir comme terme. Et encore une fois avec cette notion de gens qui sont très connectés aux vivant, c’est à dire que pour nous le romarin ça ne va pas être un extrait sec, tu vois, distribué en gélule. Ça va être cette plante qui est là juste en face de moi qui est en train de fleurir en ce moment que je vais ramasser, que je vais faire sécher pour vendre peut-être. Parce qu’il y a certaines personnes qui vivent dans les villes ou qui ne vivent pas dans ma région, qui n’ont pas la chance d’avoir ce beau romarin.
Et puis on va utiliser des formes très simples, c’est soit l’infusion, soit la macération alcoolique qu’on appelle aussi teinture ou alcoolature, soit en macération huileuse. Des formes qu’on peut fabriquer nous mêmes chez nous voilà. Dès que ça commence à partir dans des extraits sophistiqués, standardisés, on nous prend notre autonomie et ça on aime pas trop. Parce que l’herboristerie c’est pour le peuple par le peuple et moi j’ai envie de rester là dessus sur cette notion-là.
– Dans ce que tu transmets dans tes formations et dans tes vidéos c’est très pratique aussi.
Qu’est ce que chacun peut fabriquer chez lui ?
– Tout à fait, j’essaie de toujours m’assurer que la personne a le plus gros des outils à sa disposition. Bon parfois c’est vrai qu’il faut passer par certaines formes transformées qu’on ne peut peut-être pas spécialement faire chez soi mais dans mes programmes c’est une minorité de ce que je suggère.
Et c’est vrai qu’une forme qui nous plaît beaucoup c’est de revenir à l’infusion, à la fameuse tisane qui a été un petit peu la risée de différentes revues pendant assez longtemps. On l’a positionné comme « pisse mémé » c’était très… on rigolait même. Et en fait c’est une grande forme thérapeutique de plantes médicinales qu’on a toujours retrouvée au travers des âges.
Aujourd’hui on peut faire des formulations c’est à dire qu’on va créer un mélange qui nous est propre, pour nos propres problématiques si tu veux. Ce mélange bien sûr pour le formuler il faut réfléchir, il faut le structurer, il faut aller chercher sur différents axes qui sont importants. Et après on prend possession de ce mélange, on se prépare chaque jour deux trois tasses, un litre d’infusion qu’on va boire au travers d’une période et on va constater effectivement que c’est pas un pisse mémé et que les propriétés thérapeutiques sont là.
Et ça tu vois c’est cette forme proche du vivant où je touche la plante, je regarde sa couleur, je mets ça dans une théière peut-être en verre, une théière transparente et je vois ces couleurs tout à coup qui vont être relâchés dans le liquide et ses fleurs qui baignent. Et après je verse dans ma tasse et j’approche de mes narines et tout à coup c’est une expérience d’aromathérapie parce que les substances volatiles sont bien là dans ma tasse. Je bois ce liquide chaud, ça me fait du bien, j’ai pris du temps pour moi, pour respirer un petit peu pour boire ma tasse.
Je parle souvent du rituel de la tisane, un petit peu comme le rituel du thé vert. Pourquoi est ce que au Japon il y a le rituel du thé vert et nous on ne pourrait pas faire ce rituel de la tisane chez nous en observant la plante, sa couleur, sa texture, en prenant le temps tu vois de bien préparer. Il y a de la beauté aussi dans la préparation d’une tisane. C’est important aujourd’hui de retrouver cette beauté là. Donc voilà nous ces formes-là en herboristerie, on adore ça.
– Oui ça fait envie en fait de t’entendre parler de ça. Je n’en ai pas parlé lors de ta présentation mais
Tu as écrit un livre aussi qui reprend le plus gros des remèdes et qui donne des indications très pratiques.
C’est un livre de fabrication et de confection donc je voulais vraiment parler de toutes les formes qu’on peut préparer chez soi et de comment les préparer d’une manière précise, d’une manière optimale. C’est vrai qu’il y a beaucoup de précisions à avoir. On ne fait pas une macération alcoolique comme ça, on ne fait pas une peinture comme ça un petit peu au hasard. Certaines plantes demandent un certain taux d’alcool, il faut les préparer d’une certaine manière avant. Si tu travailles avec une écorce, une racine ça ne va pas être exactement pareil que si tu travailles avec une feuille par exemple.
Donc je voulais vraiment écrire ce livre parce qu’on avait perdu l’art de fabriquer toutes ses formes à la maison. Donc c’est surtout un livre de fabrication.
– Et quelles sont les principales formes de plantes médicinales ?
Donc on a parlé de l’infusion, la teinture…
Alors ces deux formes-là sont pour nous les principales parce qu’on arrive à vraiment capturer toute la force de la plante. C’est vrai que dans l’infusion tu captures la plante mais dans une fourchette assez courte de temps. Parce qu’au bout d’un moment la plante va vieillir, tu ne peux pas garder une plante sèche très très longtemps non plus.
Et la teinture ou l’alcoolature donc tu vas prendre cette plante qui est dans un état de fraîcheur et tu vas la capturer, tu vas l’immobiliser si tu veux, tu vas garder cette fraîcheur pendant des années, des années, des années. Aujourd’hui on retrouve encore des teintures qui ont été fabriquées par exemple fin des années 1800, début des années 1900 qui ont été bien conservées. Et on les ouvre et il y a toujours le même parfum si tu veux qu’au premier jour. Donc c’est une forme qui peut se garder très longtemps et donc on aime beaucoup ça.
Le macérat huileux est génial parce que c’est pareil le macérat huileux tu peux avoir des belles plantes, tu les fais macérer dans ton huile. Dans le livre je donne une méthode qui est super intéressante que j’appelle « par intermédiaire alcoolique », c’est à dire utiliser de l’alcool pur pour commencer une extraction très puissante et après basculer le tout dans l’huile faire évaporer l’alcool et finir avec un macérât huileux qui est le jour et la nuit avec une macération classique.
Je parle du macérat glycériné, je parle de comment faire ses propres gélules parce que des fois ça peut être pratique de fabriquer ça chez nous parce qu’il y a une histoire de goût, parce qu’on s’est très vite lassé par exemple. Le curcuma c’est un exemple typique c’est une super plante médicinale mais au bout de quelques jours tu as l’impression que tout a le goût du curcuma et certaines personnes en ont vraiment marre. Tout ça peut se mettre en gélules.
Les sirops sont géniaux. Donc voilà, je parle de toutes ces formes avec ce point commun qui est si vous avez une cuisine et des ustensiles de cuisine vous allez pouvoir avec les bonnes recettes préparer toutes ces formes-là.
– Est-ce qu’on peut se soigner en mangeant les plantes ?
– Oui le premier soin, je pense, commence par l’alimentation ça c’est déjà hippocrate qui nous disait ça il y a quand même plusieurs siècles. Et dans les plantes comestibles c’est vrai qu’il y a des plantes aussi dont tu sais qu’elles nous apportent certains aspects thérapeutiques. Un aspect qui est très intéressant c’est tout ce que les plantes amères nous apportent, ces petites salades amères. Parce que elles ont un effet sur les fonctions du foie. On dit qu’elles sont les propriétés cholérétiques et cholagogues c’est à dire qu’elles permettent au foie de fabriquer plus de bile, à la vésicule biliaire de mieux se contracter. Et vu que la bile c’est un des liquides d’évacuation du corps dans lequel on évacue certaines toxines qui vont se retrouver après dans les selles, et bien aujourd’hui tout ce qui stimule cet axe hépatobiliaire qui nous permet de plus détoxifier je pense que c’est vraiment tout bénéfice.
Donc ces petites salades amères de pissenlit et des crépis, c’est toutes ces familles-là où il y a vraiment une bonne amertume en bouche. Il faut que ça fouette un petit peu les papilles gustatives. On n’a plus l’habitude de ce goût, on a perdu l’amertume, même dans mes endives, même dans nos légumes on a perdu ça. Et du coup quand on retourne à nos petites salades amères au départ ça fait un petit peu bizarre mais avec un petit peu d’huile d’olive, de l’ail, quelques anchois peut-être.
– Ou des oeufs durs pour adoucir…
– Donc c’est à la fois comestible et thérapeutique effectivement.
– Et une petite tarte à la reine des prés pour se soigner de maux de tête par exemple ?
– Alors écoute, ça c’est une partie que je n’ai pas exploré personnellement, tu vas connaître probablement plus que moi. C’est à dire que là moi j’aurais du mal à bien conseiller en fonction de certains dosages et d’une certaine prise dans la journée si tu veux. Moi jusque là je commence à réfléchir en grammes de plante sèche par exemple ou alors en millilitres de teinture donc si on passe par ces formes là j’aurai un petit peu du mal à te dire oui tu en as mis assez, non c’est un petit peu juste. Voilà sur quelle partie ça va travailler.
Mais écoute je pense que tout est possible, d’ailleurs dans toutes les préparations un petit peu infusées dans du miel, dans du vinaigre, tout ce qui est sirop c’est vrai que on est un peu à la limite de… et même j’ai envie de dire les liqueurs de ce qui est thérapeutique, de ce qui est plaisir, de ce qui est alimentaire. Attention liqueurs avec modération bien sûr.
– Je me dis quand on intègre les plantes sauvages comestibles dans son alimentation et qu’on en prend tous les jours un petit peu je me dis en mélangeant les plantes il y a des principes actifs qui arrivent avec et ça ne peut que nous faire du bien.
Quand on intègre les plantes sauvages dans son alimentation ça ne peut que nous faire du bien ?
– Je pense et je pense qu’on peut se laisser guider par nos envies de goût, par une certaine intuition aujourd’hui parce que certaines périodes de notre vie on va avoir des envies d’amertume par exemple. Souvent j’entends des personnes dire, et moi je ressens ça des fois, j’ai envie de quelque chose d’un petit peu plus amer tu vois. Ou des fois c’est la saveur un petit peu acide des patiences, des oseilles tu vois. Voilà des fois on a des envies je pense qu’il faut les écouter.
Effectivement varier le type de plantes, les goûts, les plaisirs et même les préparations. On dit toujours il faut tout préparer cru pour garder les nutriments. Moi je trouve que les préparations cuites sont assez sympathiques et des fois on se lasse un peu de la version crue on va faire cuire un petit peu. Le tout c’est de s’y mettre, commencer à remettre un petit peu son alimentation et expérimenter.
– Et toi dans ta cuisine les plantes sauvages s’y trouvent régulièrement ?
– Oui elles s’y trouvent régulièrement parce que d’abord j’en ai qui poussent un petit peu au jardin et c’est vrai que dans ma famille on a toujours eu cette tradition des plantes sauvages. Toutes les années je vais avec mon père par exemple, certaines années avec avec mes oncles, ramasser des salades sauvages, ça c’est la tradition surtout autour de Noël, Jour de l’An. Laisser passer les premiers gels, ça s’attendrit un petit peu. Et pendant plusieurs semaines on va consommer ces salades sauvages.
Sinon j’ai plein de plantes, le pourpier enfin souvent au jardin je vois ce qui me fait envie, ce qui m’attire, une petite rosette de vergerette du Canada pour un côté un peu réchauffant, épicée peut-être. Oui très souvent j’intègre les plantes dans mon alimentation.
– Est-ce que tu peux nous parler de quelques plantes qui seraient des plantes médicinales mais aussi comestibles.
Je vois par exemple ici il y a le l’aubépine qui est déjà en fleurs. Donc c’est une plante comestible dont on peut manger les toutes jeunes feuilles. Avec les fleurs on peut aromatiser des plats, des sirops qui sont certainement médicinaux aussi. Les fruits peuvent être transformés en compote, en confiture. Alors du côté médicinal ça donne quoi ?
– Alors l’aubépine c’est notre grande plante du coeur, du coeur physique, du coeur émotionnel aussi. Alors du coeur physique c’est vrai que dans notre tradition elle a souvent été utilisée pour tous types de problèmes cardiaques. Là évidemment on rentre dans le médical donc ne faites pas n’importe quoi. Si vous avez une condition cardiaque validez avec votre cardiologue.
Mais effectivement c’est une plante qui permet de réguler les fonctions cardiaques, les pulsations du coeur lorsqu’il y a des troubles du rythme. Lorsqu’il y a des insuffisances cardiaques, vu que c’est une plante qui va favoriser une meilleure littéralement meilleure alimentation du coeur dans l’artère coronaire, en sang, pour lui donne une meilleure fonction.
C’est une plante qui peut aider lorsqu’il y a ce qu’on appelle une dyslipidémie c’est à dire des problématiques avec tout ce qui est cholestérol sanguin, tout ce qui est hypertension artérielle aussi. Donc voilà cette grande sphère du coeur c’est vrai que c’est sa spécialité.

Et après oui le corps émotionnel parce que c’est une plante qui est antispasmodique, elle est calmante aussi et donc lorsqu’on traverse des périodes de fort stress ou l’anxiété c’est vrai que c’est une plante qui permet de nous calmer. Prise le soir par exemple elle est antispasmodique donc elle va créer une certaine petite hypotension, elle va relâcher la tension, elle va relâcher la personne, lui permettre de mieux se décontracter.
Et puis d’un point de vue un petit peu plus émotionnel et peut-être même spirituel je dirais que c’est la plante des coeurs brisés aussi. S’il y a eu des périodes difficiles à traverser, que la personne dit littéralement ça m’a brisé le coeur alors moi je pense tout de suite à l’aubépine.
– Et c’est quelle partie qu’on utilise ?
– On utilise les sommités fleuries avec quelques feuilles. Il y a des principes actifs dans la fleur et des principes actifs dans les feuilles aussi. Donc quand on ramasse ou du moins quand moi je ramasse je prends une branche. Alors bien sûr on laisse la plupart des branches du buisson tranquille, on va cueillir littéralement ici et là pour ne rien abîmer. Mais si je choisis une branche en fleur je vais tirer pour récupérer uniquement les feuilles et des fleurs et je mets ça dans mon panier plus je vais passer aux buisson suivant.
Et soit je fais une alcoolature avec de l’alcool fort, je mets à macérer ça tout de suite, soit je fais sécher et j’utiliserai ça pour des préparations à infusion par exemple.
– Quelle plante aurait-tu envie de présenter qui peut nous apporter à manger et qui peut aussi entretenir notre santé ?
– Ecoute moi j’aime beaucoup l’ortie, c’est une grande classique mais tout d’abord c’est une plante qui est très très riche en minéraux diverses et variés. Calcium, magnésium, potassium et tous les co-facteurs qu’il nous faut pour bien absorber tout ça. Et donc lorsqu’on traverse des périodes de notre vie où on est déminéralisé et ça s’est souvent les périodes de fatigue de stress intense et bien l’ortie va vraiment recharger nos batteries en minéraux, nous reminéraliser.
Et c’est une plante aussi qu’on considère dépurative c’est à dire qu’elle va activer certains organes d’élimination, les reins en particulier. Ce n’est pas une grande plante du foie mais côté rénal c’est vrai qu’elle va nous aider à éliminer pas mal de déchets, l’acide urique compagnie.
Elle est anti inflammatoire aussi traditionnellement utilisée pour les inflammations articulaires par exemple. Toujours par cette partie dépuratives parce que eh bien parfois le corps accumule certaines substances inflammatoires il faut aider le corps à les éliminer. Donc anti-inflammatoire articulaire c’est aussi une de ces indications.
– En cuisine j’utilise les jeunes pointent donc les 5 à 10 cm du haut avant la floraison, c’est cette partie que tu utilises aussi ?
– Oui on essaie d’utiliser les feuilles aussi, les parties aériennes avant floraison effectivement.
– Une autre plante qui te viendrait ?
– Il y en a plein qui sont la fois médicinales et comestibles. Une que j’apprécie tout particulièrement que l’on voit ici qui est le romarin. Parce que c’est un grand ami du foie. Donc elle permet au foie de mieux détoxifier, elle protège aussi le foie, elle a des propriétés antioxydantes de tout cet appareil très complexe qu’est le foie. Donc si le foie souffre le romarin peut aider.
C’est un grand d’antioxydant aussi anti-inflammatoire que je mets au même niveau que le thé vert. Le thé vert on en a beaucoup beaucoup parlé, c’est vrai que c’est devenu la boisson la mode, mais j’estime que le romarin est tout aussi puissant en terme d’anti-oxydants même peut-être plus puissant. Et donc en cette période où on est constamment bombardé par ces fameux radicaux libres, ce fameux stress oxydatif on essaie toujours de réfléchir comment se protéger, comment absorber les bons antioxydants au travers des fruits et légumes de couleur par exemple. Et dans le monde des plantes c’est vrai que régulièrement il faudrait qu’on boive des infusions de plantes antioxydantes et pour moi le romarin c’est le grand protecteur général.
Il a des propriétés anticancer aussi anti-inflammatoire donc je vois vraiment le romarin moi comme un tonique général qui pourrait nous accompagner régulièrement toute l’année de temps en temps tu vois pendant certaines périodes.
Et puis c’est le soleil, il a ce tempérament chaud, tonique, il remonte un petit peu le métabolisme, le système. Je trouve qu’il donne, il nous ramène la bonne humeur aussi voilà. Il me fait penser au soleil beaucoup le romarin pour moi.
– Ça nous ramène aussi, là aussi encore une fois, à plus d’autonomie parce qu’on l’a juste à côté de nous on n’a pas besoin d’aller chercher du thé vert à l’autre bout de la planète. Je trouve que c’est ça qui est intéressant aussi dans cette démarche de prendre en main notre propre santé, notre propre alimentation, de s’autonomiser soi-même et aussi d’utiliser les ressources qui sont juste à nos pieds.
Dans une démarche d’autonomie, prendre en main sa propre santé c’est aussi utiliser les ressources qui sont juste à nos pieds
– Absolument. Et puis chez moi c’est peut-être le romarin et puis chez ceux qui nous écoutent c’est peut-être d’autres plantes tu vois. Donc je pense aussi qu’il faut localiser notre savoir et nos cueillettes le plus possible, dans une période où d’un point de vue écologique on essaie d’avoir le plus de gestes responsables autour de tout ça.
Donc oui c’est pour ça que redécouvrir la flore locale ça passe par des groupes et des associations. Il faut vraiment trouver la bonne association localement près de chez toi qui organise des sorties reconnaissance de plantes, voilà. Il faut commencer par ça. La personne nous montre 10, 20 fois et après qu’on commence à l’identifier qu’on entraine notre oeil et puis qu’on se sente confortable à cueillir quelques branchettes aujourd’hui, peut-être un peu plus demain, toujours au besoin, dans le respect bien sûr de la ressource.
– Merci beaucoup Christophe de nous avoir amené dans ton univers. Alors on te retrouve sur ton blog altheaprovence.com. La chaîne YouTube Christophe Bernard. et là aussi avec plein de ressources.
– Les réseaux sociaux, Facebook, Instagram, Pinterest, on est un peu partout.
– Oui, depuis le temps tu as créé une petite équipe autour de ton travail. Donc merci beaucoup. `
Une dernière chose que tu as envie de dire ?
– Ecoute le dernier temps j’aime bien délivrer le message suivant qui est de dire que on a très très longtemps agi dans nos peurs en ce qui concerne beaucoup de choses y compris la plante médicinale. C’est vrai qu’il faut agir dans la prudence, il faut savoir ce qu’on fait, mais il ne faut pas avoir peur, il faut arrêter d’avoir peur. On a plein de ressources autour de nous, il faut bien se former aux biens s’éduquer et à partir d’un moment il faut expérimenter, il faut passer à l’action avec les plantes inoffensives bien sûr, soyons clair. Mais il faut passer à l’action, il faut expérimenter. Il faut transposer le savoir purement cérébral, et aujourd’hui on aime beaucoup ça, on est coincé dans le cérébral, dans la main, dans la pratique, dans le sol, dans le vivant, dans la nature.
Voilà c’est un message que j’aimerais délivrer. Et puis j’aimerais te remercier d’être passé me voir parce que j’ai passé un très bon moment avec toi, merci.
– Merci à toi, Christophe.
merci pour tous ces conseils cette semaine je suis alle ramasser de l ortie que j ai manger dans un dahl aux lentilles corail jai remplace les epinards de la recettes par des orties (tres bon)et aussi des jeunes feuilles de ronces; je partage aussi son avis sur le romarin mais ici nous en sommes un peu frustre amicalement et bon dimanche christine