Le laser de France (Laserpitium gallicum) est une très belle plante aromatique aux larges ombelles et aux grandes feuilles découpées qu’on trouve dans le Sud et l’Est de la France.
J’ai eu la chance de le rencontrer lors de plusieurs voyages en Provence. A force de le cotoyer à différentes saisons, je me suis mise à l’observer de plus près et à la goûter ce qui m’a donné envie de vous en parler aujourd’hui.
Reconnaître le laser de France
Le laser de France est une plante vivace qui fait partie de la famille des Apiacées, ces ombellifères aux fleurs regroupées en ombelles. Celles du laser de France sont assez imposantes, avec 20 à 50 rayons, chacun portant une ombellule elle-même composée de plusieurs courts rayons portant les petites fleurs blanches, parfois rosées.
Les ombelles sont la plupart du temps harmonieusement bombées et se trouvent au bout de tiges pouvant atteindre 1 mètre de longueur. Avec un peu de poésie, vous pouvez imaginer sous ces ombrelles de dentelle naturelles de petites fées s’abritant de la lumière écrasante où le laser a l’habitude de passer le plus clair de son temps.

Même après la floraison le laser garde fière allure et porte ces fruits sur la même ombelle bombée. Si vous en avez l’occasion regardez-y de plus prêt ! Les fruits valent le coup d’oeil car ils sont curieusement ailés. 8 membranes ondulées de couleur blanche-transparente entourent chaque petit fruit sec.
Les fruits sont agréablement aromatiques.

Les feuilles sont très grandes, j’en ai observée ayant 1 mètre de longueur avec leur pétiole. Comme la plupart des feuilles dans cette famille elles sont plusieurs fois divisées en folioles, elles même profondément découpées en segments. La particularité des feuilles du laser de France est que les feuilles sont luisantes, à la texture lisse et assez coriace. Quand vous les froissez vous sentez un parfum qui rappelle le céleri. On appelle le laser de France également le laser odorant.
Mise en garde
Il me faut vous rappeler que la famille des Apiacées abrite des espèces extrêmement toxiques comme la grande ciguë, la petite ciguë, la ciguë vireuse et l’oenanthe safranée. Ces espèces ressemblent au laser de France dans la mesure où elles ont des ombelles à fleurs blanches et des feuilles très découpées. Faites donc très attention et prenez soin à identifier les plantes avec certitude !
Habitat du laser de France
L’habitat de prédilection du laser de France sont les coteaux arides et caillouteux du Midi. Même sur des pentes raides couvertes de gravat, le laser dresse fièrement ses grandes ombelles bombées et ses feuilles luisantes. On le trouve aussi dans les Alpes françaises ainsi qu’en Espagne et en Italie.
Il a une préférence pour les endroits bien ensoleillés au sol au pH basique, raison pour laquelle on le rencontre souvent sur les sols calcaires.

Le laser de France comestible ?
Une fois que nous avons identifié notre laser avec certitude il est temps de nous demander si on peut le goûter et l’utiliser en cuisine.
Selon François Couplan (Le régal végétal) les feuilles du laser de France et d’autres espèces du même genre peuvent servir comme condiment. Il est certain que le parfum de céleri ou persil des feuilles y invite ! Même si les feuilles sont assez coriaces. Il est préférable d’utiliser les jeunes feuilles hachées comme je l’ai fait dans ce plat aux lentilles corail. Ou alors vous pouvez employer les feuilles plus âgées et plus robustes comme les brins de thym ou de laurier, entiers, lors d’une cuisson, pour les retirer ensuite.

L’utilisation des fruits, au parfum qui rappelle le cumin, est peu décrite. J’en ai trouvé mention sur ce blog mais François Couplan, qui reste ma référence en ce domaine, ne mentionne que l’utilisation des fruits d’une espèce du même genre, le Laserpitium siler. Ils auraient servis pour parfumer des liqueurs et du saucisson.
Je me suis malgré tout risquée à goûter quelques fruits du laser de France dont j’aime l’arôme. Cela s’est bien passé mais je préfère vous dire que leur consommation sera à vos risques et périls jusqu’à preuve de leur caractère inoffensif !
En attendant les ombelles sèches ornées de fruits sont une superbe décoration dans un bouquet.
Mais cueillez-en avec modération, le laser de France reste une espèce dont l’habitat est assez restreint et on a envie de le voir fleurir les éboulis encore longtemps !


si utile je signale une petite faute de frappe dans la dernière phrase de l’article :
« le Laser de France reste une espèce Dont l’habitat est assez… «
Merci, c’est corrigé !
Bonjour Nathalie,
merci pour tout ce que tu nous partage avec enthousiasme, sérieux et simplicité. c’est toujours un plaisir de te lire.
j’habite à Marseille, et comme toi, j’ai cherché des références sur le laser. Comme toi, j’ai les référence de François Couplan ( avec qui j’ai fait le collège pratique d’ethnobotanique, il y a qq années).
Comme je n’ai vu aucune contre indication, je me suis risquée à faire des desserts, en infusant les fruits de laser. c’est un vrai régal!
ça fait plusieurs années que je le fais et personne n’a été malade.
Voilà mon expérience.
Bonjour Claire,
Merci pour ce partage précieux de ton expérience avec les fruits du laser !! Ça m’encourage de poursuivre les miennes (j’avoue j’en ai déjà parfumé une sauce et ça s’est bien passé).
Au plaisir !
Mon ami Christophe, qui cueille et distille pour Les Senteurs du Claut, à La Tour sur Tinée (06), m’en a offert un flacon l’an dernier : odeur incroyable !
J’ai vu des plantes qui ressemblaient à ça voici quelque temps, mais justement, entre la carotte sauvage, la cigüe et tous ces braves petits toxiques…j’ai pas pris le risque et j’ai laissé là la plante, sans trop savoir ce que c’était.
Tant pis….! Sécurité d’abord.