Feuilles d'arum tacheté

Arum tacheté – plante toxique à ne pas confondre avec l’ail des ours

L’arum tacheté (Arum maculatum), aussi appelé gouet ou pied de veau, est une plante sauvage toxique qui, quand elle est jeune, peut être confondue avec l’ail des ours. D’autant plus que les deux plantes partagent le même habitat ! Mais attention, d’autres plantes comestibles peuvent aussi être confondues avec l’arum. C’est pour ça que nous allons regarder ici l’arum de plus prêt.

Reconnaître l’arum tacheté

Les feuilles

Les feuilles de l’arum tacheté partent toutes de la base de la plante et ont un long pétiole. À la base du limbe (la partie plate de la feuille) se trouvent deux « oreillettes » qui s’écartent vers l’extérieur. Le sommet de la feuille est pointu. Ceci donne une forme de fer de lance à la feuille.

Les bords sont entiers, sans dents. Les nervures sont assez bien visibles, avec une nervure au centre et des nervures allant vers l’extérieur de la feuille en formant une sorte de toile.  Une particularité va nous être utile pour faire la différence avec d’autres plantes : une nervure suit le pourtour de la feuille à environ un millimètre du bord et fait tout le tour de la feuille – étonnant !

L’arum tacheté n’est pas toujours tacheté mais régulièrement vous observez sur la surface des taches marron foncé ou noirs. Les feuilles sont souvent luisantes sur le dessus et assez ondulées. Leur toucher est un peu caoutchouteux.

Feuille d'arum tacheté avec nervure en pourtour
Feuille d’arum tacheté avec nervure en pourtour

Les fleurs

Les fleurs de l’arum tacheté sont bien particulières et se montrent en avril/mai. Vous avez d’abord une grande bractée, une feuille d’un vert jaunâtre, parfois violacé, qui apparait enroulée, puis qui s’ouvre. On l’appelle une spathe. Au centre se trouve une sorte de tige (spadice) renflée et de couleur rouge violacé qui porte les fleurs mâles et femelles distinctes.

Inflorescence d'arum - photo Peter Birch
Inflorescence d’arum – photo Peter Birch

Fruits et partie souterraine de l’arum tacheté

Le fruits, d’abords verts et finalement rouge vif, sont ronds et charnus, réunis au sommet de la tige.

Quand vous déterrez la plante vous observez la tige souterraine épaissie en un gros tubercule.

Fruits d'arum - photo Björn S
Fruits d’arum – photo Björn S

Toxicité de l’arum tacheté

L’ensemble de la plante est toxique.

Les feuilles contiennent des cristaux d’oxalate de calcium qui ont un effet très irritant sur les muqueuses. Des personnes qui en ont goûtées, par accident ou pour en faire l’expérience (ce que je vous déconseille !), m’ont rapporté que leur bouche s’est immédiatement mise à brûler. Les muqueuses peuvent gonfler au point de provoquer un oedème de la gorge qui peut entrainer la mort par asphyxie.

Le contact du jus de la plante avec les yeux peut également créer des gonflements dangereux.

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Les fruits, pourtant bien tentants par leur couleur et leur forme, sont toxiques aussi. En plus des cristaux d’oxalate de calcium elles contiennent des saponosides et leur ingestion peut créer des troubles digestifs, nerveux et cardiaques. Il faut surtout faire attention que les enfants n’essaient pas de goûter !

Les tubercules contiennent également les cristaux d’oxalate de calcium et des saponosides et sont également toxiques. Par contre, ils sont riches en amidon et pour cette raison les tubercules ont été parfois consommées après une préparation par cuisson longue et lessivage des substances toxiques. C’est intéressant à savoir mais il faut maîtriser ce procédé pour ne pas avoir de mauvaises surprises !

Alors retenons : l’ensemble de la plante est toxique !

Arum maculatum
Arum tachété – feuilles aux taches foncées

Confusion entre arum tacheté et ail des ours

Quand vous voyez la forme typique en fer de lance de la feuille d’arum vous allez vous dire que la distinction avec les feuilles d’ail des ours est facile.

Oui, mais ! Quand l’arum est jeune, il n’a pas encore ces fameuses « oreillettes » ni des taches et la jeune feuille ressemble beaucoup aux feuilles d’ail des ours. La confusion est d’autant plus vite faite que les deux plantes se côtoient dans les forêts humides.

Les deux plantes ont de longs pétioles et un toucher un peu caoutchouteux.

Alors comment faire la différence ?

Premièrement par les nervures, deuxièmement par l’odeur.

Nous avons vu, les nervures de l’arum tacheté forment une toile sur la surface de la feuille et une nervure fait tout le tour du bord de la feuille. Chez l’ail des ours, nous avons des nervures parallèles.

Et surtout, l’ail des ours a une forte odeur d’ail !

Une fois que vous avez pris le temps de bien faire la différence entre les deux plantes restez vigilant pendant toute votre cueillette d’ail des ours ! Car après quelques minutes, tout va sentir l’ail et il est vite fait de se perdre dans ses pensées et ne pas s’apercevoir qu’une feuille d’arum se glisse entre les touffes d’ail des ours… Prudence !

Jeunes feuilles d'arum tacheté
Jeunes feuilles d’arum tacheté – la ressemblance avec l’ail des ours est grande

Distinguer arum tacheté et oseille des prés

Une autre confusion possible est celle avec l’oseille des prés (Rumex acetosa), plante comestible très appréciée pour sa saveur acidulée.

Les deux plantes présentent, à la base du limbe (partie plate de la feuille) des « oreillettes » qui donnent à leurs feuilles la forme de fer de lance. D’où leur ressemblance et le risque de confusion.

L’oseille pousse plutôt dans des endroits ensoleillés, des prairies et bords de chemin, alors que l’arum pousse dans la forêt ou en lisière de forêt et sous les haies. Mais j’ai déjà observé les deux plantes côte à côte, dans des habitats qui sont « entre deux »…

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Les feuilles d’oseille des prés sont un peu plus allongées que celles de l’arum et les oreillettes pointent moins vers l’extérieur. Mais la meilleure façon de distinguer les deux feuilles est de chercher si la nervure qui suit tout le pourtour de la feuille est présente ou pas. Si oui, on n’y touche pas, c’est de l’arum !

Pour plus de détails sur l’oseille des prés, vous pouvez consulter mon article à son sujet.

Feuilles d'oseille des prés
Feuilles d’oseille des prés

Confusion entre arum tacheté et chénopode Bon Henri

Une troisième confusion possible est celle avec le chénopode Bon Henri (Chenopodium bonus hennricus). Ici encore, chénopode et arum ont les feuilles en forme de fer de lance.

Le chénopode Bon Henri est une excellente plante comestible qui est notamment connue comme « épinard sauvage ».

Ici c’est notamment le toucher des feuilles qui va nous aider à faire la différence. Nous avons dit qu’au toucher d’une feuille d’arum on a l’impression d’avoir une feuille de caoutchouc entre les doigts. Le toucher des feuilles de chénopode Bon Henri quant à lui va être farineux. On a la sensation d’avoir de minuscules billes sous les doigts.

Et, encore une fois, la nervure qui fait tout le tour de la feuille chez l’arum tacheté, est absente sur la feuille de Bon Henri.

J’ai aussi écrit un article sur le chénopode Bon Henri que vous trouvez ici avec sa vidéo.

Chénopode Bon Henri en fleur
Chénopode Bon Henri en fleur

Faire sa cueillette sereinement

Quand l’arum a des taches sur les feuilles il est toujours bien plus facile de le distinguer des autres plantes mais quand ce n’est pas le cas, notamment quand il est jeune et ne présente même pas encore ses « oreillettes » c’est plus délicat. Une fois que les fleurs sont présentes il est bien plus aisé également de faire la différence avec les autres plantes.

Restez toujours attentif et vigilant, tout au long de votre cueillette car un excès de confiance peut amener à des accidents ! Toujours est-il que des intoxications fatales sont rares avec l’arum tacheté car la sensation de brûlure est tellement forte et immédiate dès l’ingestion qu’on recrache vite ce qu’on a pris dans la bouche…

Mais l’exemple de cette plante avec les confusions possibles montre encore une fois qu’une identification précise des plantes est nécessaire avant toute cueillette. Prenez le temps de bien observer et vous pourrez faire vos cueillettes sereinement et vous régaler sans crainte des plantes sauvages comestibles.

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