À Noël, les branches de sapin embaument le salon de leur arôme résineux. Mais après ? Vous êtes-cous déjà posé la question si on pouvait utiliser les aiguilles de sapin ?
Et si on mangeait notre sapin de Noël au lieu de le jeter une fois les fêtes passées ?
Mais avant tout, il nous faut savoir de quel espèce de sapin il s’agit – même, ci c’est bien un sapin ! – et si ses aiguilles se mangent vraiment.
Au-delà de ça, je vous recommande de vous renseigner auprès de votre marchand de sapin sur les traitements que l’arbre a subi. Malheureusement dans la plupart des cultures l’emploi de pesticides est la norme.
Sinon, pour réaliser les recettes dont je vous parlerai plus loin dans cet article, cherchez des arbres adultes lors de vos promenades ou dans les parcs et jardins. Quelques branches suffisent pour expérimenter avec les arômes puissants de nos résineux !
Aiguilles de sapin, pin ou épicéa – comment les reconnaître ?
Une grande partie de nos « sapins » de Noël ne sont en réalité pas des sapins mais des épicéas. Mais comment faire la différence ? Pour tous, il s’agit d’arbres de la famille des Pinacées aux feuilles fines et persistantes (aiguilles). On classe ses arbres dans les conifères, ceux qui font des cônes.
On va y venir plus loin, mais attention à ne pas confondre les espèces aux feuilles comestibles avec l’if qui est très toxique !
L’épicéa (Picea abies)
L’épicéa pousse de façon naturelle dans nos montagnes (à partir de 800 mètre d’altitude). Mais il est également beaucoup planté pour son bois, présent dans beaucoup de parcs et jardins et souvent employé comme « sapin » de Noël.
Les aiguilles de l’épicéa piquent. Elles sont raides et pointues et quand vous touchez un rameau à rebrousse-poil cela vous pique manifestement.
Un autre critère de reconnaissance c’est que les aiguilles sont disposées tout autour du rameau ce qui donne à chaque fin de branche un aspect de brosse. Retenez aussi que quand vous enlevez une aiguille vous arrachez en même temps un petit bout de l’écorce du rameau. Maintenant que vous tenez une aiguille, faites la rouler entre vos doigts : vous sentez des angles. En effet, les aiguilles d’épicéa ont 4 angles.
L’épicéa peut atteindre jusqu’à 50 mètres de hauteur et vivre 400 voire 500 ans. De loin, on le reconnait au fait qu’il est pointu au sommet mais que ces rameaux sont généralement pendants ce qui leur donne un aspect « pleureur » caractéristique.
Les cônes de l’épicéa sont pendants, bruns, de 10 à 20 cm de longueur. Quand ils sont murs ils tombent en entiers au sol.
Le sapin blanc (Abies alba)
Le sapin blanc est une espèce qui pousse de façon naturelle dans nos forêts de montagne jusqu’à 1500 mètres d’altitude et il est également planté dans les parcs et jardins.
Quand vous regardez un rameau de sapin blanc, deux choses sont très marquées. D’une les aiguilles sont disposées en deux rangées, d’un côté et de l’autre du rameau (pas tout autour du rameau comme chez l’épicéa). Et de deux, quand vous retournez le rameau vous voyez nettement deux traits blancs sur le dessous de chaque feuille.
Les aiguilles du sapin blanc ne piquent pas car elles sont arrondies au bout et, la plupart du temps, légèrement échancrées. Chaque aiguilles est, de plus, aplatie.
Les cônes du sapin sont dressés (pas tombantes comme chez l’épicéa). Sous le sapin blanc vous n’allez jamais trouver des cônes entiers car à maturité les cônes se délitent petit à petit, les écailles tombant à terre, laissant leur axe sur place qui reste sur la branche comme un chandelier.
Le sapin Nordmann (Abies nordmanniana)
Mais, quand vous choisissez votre sapin de Noël, il se peut qu’on vous propose une autre espèce de sapin, le sapin Nordmann. En plus d’avoir des branches qui se tiennent bien il est apprécié car il a l’avantage que ses aiguilles ne se détachent pas, même si elles sont sèches.
Par contre, pour savoir quelle espèce vous avez devant vous, cela va apporter un peu plus de confusion (ou un peu plus de suspens dans votre jeu de détective) :
Les aiguilles du sapin Nordmann sont disposées tout autour du rameau (comme chez l’épicéa) mais elles sont plates (comme le sapin blanc) et disposent de deux traits blancs sur la face inférieure (comme le sapin blanc). Leur extrémité ne pique pas.
A part dans les plantations de sapins de Noël, on trouve le sapin Nordmann chez nous seulement dans les parcs et les jardins car il est indigène du Caucase.
Le Douglas (Pseudotsuga menziesii)
Cet arbre est rarement proposé comme sapin de Noël mais quand vous vous promenez et que vous voyez un arbre résineux, vous pouvez facilement tomber sur le « sapin » Douglas. Car c’est un arbre très largement plantée pour la production de bois et il se trouve aussi dans les parcs et jardins. En vérité, ce n’est pas un sapin car il fait partie d’un genre différent. Toujours est il qu’il est souvent appelé « sapin » Douglas en français.
Prêt(e) pour plus de complexité encore ?
Dans les caractéristiques on est ici entre l’épicéa et le sapin. Les aiguilles du Douglas sont plus fines que celles du sapin blanc et plus longues que celles des 3 espèces décrites plus haut. Les aiguilles partent tout autour du rameau. Elles sont souples (pas aussi rigides que celles des sapin blanc et Nordmann ainsi que de l’épicéa) et elles ne piquent pas.
Sur le dessous des feuilles vous pouvez observer deux lignes blanches mais elles sont bien moins marquées que celles des sapins blanc et Nordmann.
Surtout, les aiguilles du Douglas sont très aromatiques. Elles dégagent un forte odeur d’écorce d’orange.
Si vous tombez sur un Douglas qui a des cônes vous pouvez vérifier un critère assez marquant : Les cônes de l’arbre sont pendants et très faciles à reconnaître grâce aux longues bractées trifides (à trois fils) qui dépassent des écailles. Ils peuvent persister sur l’arbre plus d’un an. Comme chez l’épicéa, les cônes tombent entiers sur le sol.
Le pin sylvestre (Pinus sylvestris)
Pin… sapin… j’ai remarqué que la différence n’est pas claire pour tout le monde. Et c’est pourquoi je vous décris rapidement le pin sylvestre, l’espèce de pin la plus répandue en France. Les pins ont les aiguilles bien plus longues (5 à 6 cm voire plus) que les sapins ou les épicéas. Chez le pin sylvestre elles poussent toujours par paires (deux aiguilles partent du même endroit) et elles sont vrillées.
Les cônes sont les « pommes de pin » classiques quasiment rondes quand ils s’ouvrent à maturité. On les trouve dans de nombreuses décorations de Noël mais le pin en lui-même ne fait pas partie des arbres vendus comme sapins de Noël.
Le mélèze
Le mélèze, quant à lui, perd ses feuilles en hiver. Il est donc exclu de l’utiliser comme décoration de Noël (sauf ses jolis cônes). Même si ses feuilles sont comestibles également.
Ne pas confondre avec l’if toxique !
Il faut que je vous présente encore un dernier spécimen, pour que vous sachiez de quel arbre il faut absolument se méfier !
On trouve l’if un peu partout parce que son branchage dense et persistant protège facilement de la vue et c’est la raison pour laquelle il est beaucoup planté. Il s’agit d’un arbuste pas très élevé.
Les aiguilles de l’if sont pointues comme celles de l’épicéa mais elles ne piquent pas, car elles sont bien plus souples que celles de l’épicéa. Les aiguilles se prolongent un peu sur le rameau (on dit qu’elles sont récurrentes).
Si vous écrasez quelques aiguilles, vous constatez qu’aucune odeur typique de résineux se dégage des feuilles. En fait l’if est un conifère non résineux. Il ne fabrique pas de résine comme les autres arbres que nous avons vus et pour cette raison l’odeur caractéristique de « sapin » est absente.
L’if n’a pas de grands cônes comme les conifères qu’on vient de voir mais il a des arilles, fruits composés d’une graine entourée d’une écaille gluante et rouge à maturité. Dans l’if tout est toxique sauf cette partie rouge qui entoure la graine. Mais la graine, elle, est très toxique également. Donc attention !
Quelles aiguilles sont comestibles ? Et quel goût ?
Maintenant que nous savons quelle espèce d’arbre nous avons devant nous, est-ce qu’on peut en manger ?
Les aiguilles des espèces suivantes sont comestibles : l’épicéa, le sapin blanc, le sapin Nordmann (mais ce dernier n’a pas tant de goût), le Douglas et le pin sylvestre (ainsi que les autres espèces de pin), le mélèze.
Leurs aiguilles ont un parfum résineux et rappelle les agrumes. Les aiguilles du sapin blanc ont un parfum de mandarine, celles de l’épicéa sentent intensément le citron, les aiguilles du Douglas ont un fort parfum d’orange et celles du pin sylvestre sont un peu poivrées.
Les aiguilles du sapin Nordmann sont moins agréables que celles des autres espèces.
Comment utiliser les aiguilles de sapin ?
Avec votre sapin de Noël vous rentrez dans votre maison une vraie petite pharmacie. Car les aiguilles de sapin et d’épicéa contiennent beaucoup de substances bienfaisantes : vitamine C, huiles essentielles, terpènes, flavonoïdes, minéraux, oligoéléments, tanins et substances amères.
Les aiguilles, notamment les huiles essentielles de l’épicéa sont traditionnellement utilisées dans des cas de rhume et d’affections des vois respiratoires. Elles dégagent ces voies respiratoires, stimulent la circulation du sang et ont une action antiseptique.
Elles peuvent trouver emploi dans des sels de bain, des bonbons contre la toux, de l’oxymel et bien d’autres produits de bien-être.
Je rappelle que pour tous ces emplois et ceux qui vont suivre, assurez-vous d’avoir affaire à des arbres non traités ! Plus on est nombreux à demander aux marchands d’arbres de Noël de la qualité bio, plus la culture sans pesticides se répandra.
Idées de recettes aux aiguilles de sapin et d’épicéa
Vous avez sûrement entendu parler de l’utilisation des jeunes pousses au printemps. Mais vous pouvez aussi utiliser les aiguilles « adultes » fraîches ou séchées, prélevées sur l’arbre en été comme en hiver.
Hachez-les finement pour en parfumer des fruits, des légumes, viandes, poissons, du beurre, des desserts ou pâtisseries. Mixez-les dans des sauces ou dans des boissons pour apporter une note d’agrumes.
Faites-les infuser dans de l’eau et ajouter du sucre pour en préparer un sirop ou même des bonbons.
Ou alors faites sécher les aiguilles et réduisez celles-ci en poudre à l’aide d’un moulin à café ou épices électrique. Vous aurez alors une poudre verte qui parfumera du sel ou du sucre, des desserts et pâtisseries et toute recette que vous pourrez inventer une fois que vous aurez bien perçu le parfum spécifique de chaque espèce.
J’ai en ce moment un faible pour les aiguilles du Douglas avec leur incomparable saveur d’orange !
C’est avec elles que j’ai préparé ma recette de chèvre mariné aux aiguilles de sapin.
Et si vous souhaitez découvrir d’autres saveur à base d’épicéa, je vous invite à consulter ma recette de sauce aux pousses d’épicéa (ou de sapin).
Ça vous donne des idées, tout ça ? Je l’espère car c’est le but de mon écrit.
Bonne exploration de ces nouvelles saveurs grâces aux plantes qui poussent depuis toujours autour de chez nous !
Coucou Nathalie!
Quel superbe article, si précis, si complet! Je vais enfin pouvoir améliorer mes connaissances à propos des résineux!
Merci, Danielle ! J’ai pris pas mal de temps pour préparer cet article. Il y a tellement de petits détails à observer pour bien différencier les espèces ! Et tellement d’utilisations possibles. Et là je ne parle que des aiguilles…
Une fois de plus MERCI beaucoup Nathalie de nous éclairer de toutes vos connaissances et des utilisations que nous pouvons en tirer.
Lors de ma prochaine balade chez moi en Haute Normandie je regarderai avec beaucoup plus d’attention tous les résineux qui m’entourent et n’hésiterai pas à en cueillir afin d’essayer pourquoi pas une éclade car c’est un vrai délice de parfum.
Bonnes fêtes à vous et à tout ceux qui vous suivent, et au plaisir de vous lire ou voir sur vos vidéos, pour un novice tel que moi c’est un réel plaisir.
A bientôt sur les réseaux.
Benoit
hello Nathalie merci pour toutes ces superbes recettes qui semblent succulentes !!! magnifique fête pour vous , belle année ! Vous êtes une belle personne Cordialement. Marylène. Dommage que vous habitiez loin de mon lieu de vie !!!
Merci beaucoup Nathalie!
Un super article et recette excellente, simple et rapide qui a plu à tout le monde!
Merci encore pour ce partage instructif et bonne année…!
Est ce que l’IF a egalement les 2 petites lignes blanches sous leurs aiguilles? sur la photo on a l impression…. et du coup ca compliquerait la reconnaissance ou la confusion sapin/if?
L’if a en effet deux lignes sur le dessous de chaque feuille, elles sont plutôt vert clair, pas blanches. Elles sont moins marquées que celles du sapin mais cela complique les choses, vous avez raison.