Quel bonheur de retrouver ma « copine » la renouée bistorte dans cette magnifique prairie de montagne ! Cela veut dire de bons petits plats aux feuilles de bistorte, dont mon préféré: la bouilline. C’est un mélange de feuilles de renouée bistorte et de pommes de terre dont je vous donne la recette ci-dessous.
La renouée bistorte (Polygonum bistorta) est une plante vivace de la famille des renouées (Polygonacées) qui pousse dans les prairies de montagne humides et dans les forêts alluviales (inondées par des cours d’eau).
Je la croisais souvent quand j’habitais en Auvergne. Aujourd’hui je suis en voyage dans les Alpes et mon regard est tout de suite attiré par les épis cylindriques de fleurs roses que je vois danser au vent.
Excellents « épinards »
Je me réjouis de trouver à leurs pieds de belles feuilles d’un vert vif sur le dessus et vert grisâtre en dessous. Encore une de ces innombrables plantes sauvages comestibles dont nous avons perdu l’usage… voire même la connaissance de leur existence !
Pourtant, cette plante nous offre de très bons « épinards », ni amers ni acides. Les jeunes feuilles se mangent crues en salade, les feuilles un peu plus développées peuvent se préparer cuites en soupe, en légume, en purée ou en quiche. Leur goût se rapproche des épinards mais sans l’acidité. Les renouées développent souvent de l’astringence mais ici ce n’est pas le cas, sauf dans leur racine, très riche en tanins.
Feuilles de renouée bistorte
Les feuilles de la renouée bistorte sont ovales-allongées, légèrement en coeur à la base et elles finissent en pointe. La nervure centrale est très marquée. Les feuilles du haut de la tige sont plus allongées encore, presque en forme de lance et n’ont pas de pétiole (elles sont « sessiles »). Les tiges montent à maximum un mètre de hauteur.
Avec le pétiole les feuilles basales peuvent atteindre plus de 50 cm de long. Et ce qui est curieux c’est que le limbe (la partie plate de la feuille) se prolonge sur le pétiole sur une bonne partie de celui-ci. Les botanistes appellent ça un pétiole ailé.
La floraison a lieu entre juin et août mais on peut cueillir les feuilles d’avril à septembre.
Cueillette de renouée bistorte
Comme toujours, le mieux est de cueillir les feuilles les plus jeunes car elles seront plus tendres. Mais ce qui est chouette chez la renouée bistorte c’est que même les feuilles plus développées n’ont pas ou très peu d’amertume.
J’essaie de cueillir les feuilles sans leur pétiole car celui-ci devient vite un peu coriace, comme la nervure centrale d’ailleurs. On peut alors la retirer au couteau ou cuire les feuilles et éliminer les nervures trop coriaces en passant les feuilles au moulin à légumes.
C’est ce que j’ai fait dans ma recettes avec des feuilles cueillies au mois de juin. A ce moment là la plante est déjà en fleurs. Si j’avais cueilli des feuilles en avril avant la floraison je n’aurais pas eu besoin de me soucier de nervures trop fibreuses.
Mais après les fauches on trouve également de belles feuilles fraîchement sorties de terre et excellentes !
Racines comestibles
Les racines de la renouée bistorte sont également comestibles. Par contre, comme elles sont riches en tanins il faut les tremper longuement dans l’eau avant de les cuisiner. Elles contiennent beaucoup amidon et peuvent même être séchées et réduites en farine.
Mais je vous avoue que je n’ai pas encore essayé. Seulement de passage dans les montagnes aujourd’hui je me vois mal déployer ma bêche et attaquer un pré… Surtout que la meilleur période pour récolter les racines est l’automne et l’hiver quand les racines sont pleines de réserves.
Quelle recette pour la renouée bistorte ?
Alors revenons alors à notre cueillette de feuilles. Comme ce dernières sont abondantes le panier se remplit rapidement pendant que j’imagine de quelle manière je vais préparer ma récolte… En quiche ? En épinards ? Ou alors en chaussons ? Ou en poêlée de légumes ?
Je reviens encore une fois au classique : le bon et typique mélange avec les pommes de terre. En Auvergne on appellerait ce plat la « bouilline ». Pas sûre que ça s’écrive comme ça, mais comme de toute façon presque plus personne ne connaît cette recette ça n’a pas bien d’importance…
Voici comment j’ai fait :
Bouilline de renouée bistorte
Ingrédients
- 500 g de pommes de terre à purée
- 1 gros bouquet de feuilles de renouée bistorte
- 1 oignon
- huile d’olive
- 2 à 3 cuillerées à soupe de crème fraîche
- Sel poivre
Préparation
Laver et essorer les feuilles de renouée bistorte. Les hacher grossièrement.
Faire revenir l’oignon haché dans un peu d’huile d’olive. Ajouter les feuilles de bistorte et un filet d’eau. Couvrir et cuire à feu doux pendant 10 minutes environ.
Si les nervures sont trop fibreuses passer les feuilles au moulin à légumes pour les éliminer.
(Vous pouvez aussi retirer les nervures au couteau avant de hacher les feuilles, les cuire de la même manière puis les mixer pour les réduire en purée.)
Eplucher les pommes de terre et les faire cuire comme d’habitude. Les réduire en purée à l’aide d’un presse-purée ou d’une fourchette.
Mélanger les pommes de terre et la renouée bistorte. Ajouter la crème fraîche et sel et poivre.
Déguster bien chaud.
Voilà, c’est tout simple !
La seule chose c’est qu’il faut trouver la renouée bistorte ! L’avez-vous déjà repérée ?
J’aime beaucoup vos vidéos et articles sur ces délicieuses plantes comestibles. Merci beaucoup. Et dommage que je sois si loin pour vos stages de cueillette.
Me réjouis toujours de vous lire et de découvrir ces mille et une façons de cuisiner ces merveilles
Bonsoir . J’ai bien reçu votre livret de recettes des plantes sauvages . Un grand merci .
Je vous découvre avec plaisir .j’ai tenté de télécharger vos recettes sans succès ????
Merci de vos infos sur la « renouée bistorte »
J’ai trouvé dans mon jardin (dans le 49) ce que je croyais être de la « renouée du Japon » et qui s’est avéré être « Phytolaque d’Amérique ».
Comment bien identifier la « renouée bistorte » par comparaison avec les 2 autres (qui lui ressemblent !)
Bravo, continuez ! Jean-Louis
Bonjour Jean-Louis,
La renouée bistorte est toute petite par rapport aux deux plantes que vous citez. Elle ne monte qu’à 80 cm de hauteur alors que les deux plantes que vous citez sont de grandes plantes de plus de 2 mètres de hauteur.
Bonjour, juste un petit manque dans vos articles : le nom scientifique et les noms vernaculaires de la plante dont vous parlez. Juste comme ça, pour le fun.
Sinon j’adore…. et en ces temps très ès ès ès… difficiles ! les recettes à base de plantes sauvages sont les bienvenues. Vous me permettez aussi de renouer avec ma petite enfance à la campagne chez mes grands parents paysans où ils cueillaient les plantes sauvages pour faire des plats délicieux comme les petites caillettes aux herbes sauvages (recette de la Drôme) et la fameuse soupe aux orties.
Vos articles (très belles photos bravo) et vos recettes délicieuses, remontent le moral.
MERCI
Je nomme toujours le nom scientifique…