3 plantes pionnières

3 plantes pionnières comestibles

Aujourd’hui je vous emmène à la découverte de trois plantes pionnières comestibles ! Il n’y a pas longtemps, de l’autre côté de la Loire ont eu lieu des travaux  le long d’un petit cours d’eau qui a été « réhabilité ». J’avais été un peu choquée de voir les bulldozers dans cet endroit où j’aimais venir cueillir du plantain, de l’oseille des prés et de l’ortie que j’y trouvais en quantité.

Je me doutais bien qu’après les travaux la flore allait être changée… et que les plantes pionnières allaient s’y installer ! Je n’ai pas été déçue (sauf de voir cet endroit que j’affectionne à ce point changé – mais il parait que c’est pour le bien du cours d’eau et de son écosystème…) : une étendue immense de chénopode, d’amarante et de pourpier ! Toutes comestibles !

Ces trois plantes sont typiques des endroits où la terre a été retournée et mise à nue. Ou par des évènements naturels tel que des crues, un arbre qui tombe, des animaux qui grattent… Ou par l’intervention de l’homme.

Les plantes pionnières, les premières qui s’installent, sont des plantes annuelles. Elles font leur cycle de végétation en un an ou moins et « passent le relais » à d’autres plantes : des bisannuelles puis des vivaces, qui s’implantent petit à petit.

Si vous avez un jardin vous connaissez peut-être les trois plantes pionnières que je vous décris. Ce sont des plantes souvent appelées mauvaises herbes parce qu’elles apparaissent au milieu des rangs de légumes sans être invitées. … Finalement c’est le fait de gratter la terre et de la tasser par les arrosages et les piétinements qui est « l’invitation naturelle ». Il s’agit des conditions idéales pour que les graines de ces plantes germent.

On va à la cueillette alors ?!

Chénopode blanc - plantes pionnières
Chénopode blanc (Chenopodium album)

Le chénopode blanc (Chenopodium album)

C’est une plante de la famille des épinards, les Amaranthacées (ou Chénopodiacées selon l’ancienne classification). Il s’agit en effet d’une excellente plante à épinards ! Ces feuilles et fleurs se mangent crues en salade ou pesto ou cuites en épinards, en quiche, en farce ou en gratin.

Sa particularité est d’avoir le dessous des feuilles blanchâtres. En fait, quand vous touchez le dessous d’une feuille ou les fleurs du haut de la plante, vous sentez comme une poudre, des petites billes qui roulent entre vos doigts.

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Les feuilles du chénopode blanc ont une forme de patte d’oie (dans certaines régions on appelle la plante ainsi) mais en haut de la plante il s’agit plus de feuilles en forme de losange.

Pour une description plus détaillée allez voir mon article à son sujet !

Amaranthe réfléchie
Amaranthe réfléchie

 

L’amaranthe réfléchi (Amaranthus rétroflexus)

Comme dans « mon » chantier, l’amaranthe pousse souvent à proximité du chénopode. Les agriculteurs le connaissent bien car il s’installe couramment dans les cultures.

Il est même devenu un symbole de la résistance contre l’agrochimie. L’amaranthe a développé une résistance contre le tristement fameux glyphosate, toujours trop employé tout autour de la terre. Mais l’amaranthe y reste indifférent. Avec ou sans, la terre remuée c’est son domaine.

D’ailleurs, veillez à ne pas cueillir ces deux plantes au milieu des cultures. On ne sais pas quand le dernier passage de produits  chimiques a eu lieu…

Sur mon chantier, pas de soucis. Il a juste subit le passage d’engins à pelle mais pas de traitement. Je vais pouvoir faire une cueillette. Chez l’amaranthe, ce sont les feuilles, les tiges encore souples et jeunes inflorescences qui se mangent. En gros, le haut de la plante.

Ici aussi, nous sommes en présence d’une plante de la famille des Amaranthacées, donc la famille des épinards. Et le goût y ressemble beaucoup. Dans tous les plats où vous mettrez des épinards cultivés, remplacez par de l’amaranthe ! Quiches, chaussons, crêpes farcis, lasagnes de légumes, oeuf au plat et épinards d’amaranthe… 

Ce qui est pratique c’est que généralement ces plantes arrivent en groupe et le panier se remplit rapidement.

Dans quelques semaines je reviendrai pour récolter des graines d’amaranthe, quand les inflorescences en queue de renard seront développées et un peu sèches. Car les toutes petites mais nombreuses graines qui s’y trouvent se mangent comme des céréales.

Attention par contre, comme les épinards cultivés le chénopode blanc et l’amaranthe réfléchi contiennent pas mal d’acide oxalique. N’en abusez pas, surtout si vous avez des problèmes de rein ou de rhumatismes. Et cela vaut aussi pour le pourpier.

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Pourpier en étoile - plantes pionnières
Pourpier en étoile

Le pourpier (Portulaca oleracea) – plante pionnière connue des jardiniers

Celui-ci, vous le connaissez sûrement aussi des potagers ! Le pourpier s’y installe en couvre sol, ses tiges rondes et rouges s’étalant en étoile. Si ces feuilles en forme de spatule font penser à des plantes grasses ce n’est pas sans raison. Elles ont un grand pouvoir de rétention d’eau et elles contiennent des acides gras.

Il s’agit même de la plante la plus riche en acides gras essentiels. Le pourpier contient des oméga 3 (acide gras alpha linolénique) et des oméga 6. De plus, il est très riche en protéines, en vitamines et en minéraux ce qui en fait une excellente plante santé.

Agrémentez-en vos salades au lieu de mettre le pourpier au compost si vous l’arrachez d’entre vos légumes. Personnellement je le laisse en couvre-col dans mon potager et j’y récolte régulièrement les extrémités pour en mettre dans mes plats.

La plupart du temps j’utilise le pourpier (feuilles, tiges souples, fleurs et même fruits/graines) dans mes salades. Il est croquant, acidulé, sans amertume et passe très bien avec de la salade verte ou dans la salade de tomates, de carottes, de concombre, de pommes de terre…

Poêlée de pourpier
Poêlée de pourpier

En Afrique du Nord le pourpier est couramment cuit à la vapeur et mangé avec de la sauce rouge ou avec le couscous. Ou juste cuit avec de l’oignon, de l’ail et des épices et servi avec du citron. (Merci pour les nombreux témoignages de partout dans le monde sous ma vidéo Youtube sur le pourpier !)

Voilà toutes les cueillettes qu’on peut faire sur un chantier, juste après les travaux. Les plantes pionnières s’installent toutes seules et on n’a plus qu’à se servir.  Petit à petit d’autres espèces de plantes se montreront et un nouvel équilibre s’instaurera. 

Ainsi va la nature ! Et à chaque étape nous trouvons à manger parmi ces plantes. Si ce n’est pas l’abondance…

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6 thoughts on “3 plantes pionnières comestibles

  1. Merci Nathalie pour vos conseils, articles, recettes. Ce sont plein de petits bonheurs au quotidien. Depuis que j’ai suivi un une formation sur les plantes comestibles sauvages de printemps, à Liège, en Belgique, je marche le nez en bas! Le sujet est très vaste et intéressant
    Du coup, je vous ai découvert et je vous suis avec grand plaisir et régularité, je retourne piocher des infos oubliées, un tout grand merci pour votre travail.
    Evelyne

  2. L’amaranthe est utilisée en cuisine en Afrique (c’est là que j’en avais decouvert l’usage). Il y en a plusieurs variétés bien sûr, mais c’est bien la même plante.
    Elle pousse sans probleme au jardin pavillonaire en Europe, ce serait dommage de s’en priver! D’autant qu’on s’épargne ainsi les fastidieuses corvées de plantation, repiquage, entretien de nos verdures habituelles (je pense aux epinards…) .
    Et si en plus on a du pourpier, c’est la fête 🙂

  3. Merci pour votre site, je n’en reviens pas de l’avoir découvert !!!!! quel bonheur. C »est ma nouvelle bible.
    Merci pour tous vos efforts et merci également à celles et ceux qui partagent leur savoir et leurs recettes.

  4. Merci pour vos excellents articles, je vous ai trouvée récemment et je pioche sans cesse dans vos archives, une vraie mine d’or ! Je connais et consomme le chénopode blanc et le pourpier, mais pas l’amaranthe réfléchi. Je vais donc en ramasser cette semaine. Ma recette fétiche pour le pourpier: cru, mélangé à du yaourt égoutté assaisonné d’ail pilé, de sel et d’un peu d’huile d’olive. Une pincée de sumac ou de paprika pour servir. Comme en Turquie, où le pourpier s’appelle semizotu. Délicieux et rafraîchissant.

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