Cueillette de fleurs de pâquerette

La pâquerette – belle à croquer

La pâquerette est une des premières plantes à fleurir et nous annoncer le printemps. Bellis perennis en latin, ce qui veut dire « toujours belle », cette petite vivace fleurit pendant une longue période et ses rosettes de feuilles sont présentes toute l’année. De quoi agrémenter nos salades, nos plats de légumes et même nos desserts, peu importe la saison, de ses feuilles et de ses fleurs. Elles aideront même à soigner multiples bobos du quotidien.

Prairie de pâquerettes - photo fredfuncky
Prairie de pâquerettes – photo fredfuncky

Feuilles en rosette

La pâquerette fait partie de la famille botanique des astéracées comme les asters, le pissenlit, les chardons et la marguerite à laquelle elle ressemble beaucoup, en plus petit. C’est une plante acaule, ce qui veut dire que sa tige est tellement insignifiante que l’on ne la voit pas. Ses feuilles, au lieu de pousser le long d’une tige, sont alors collées au sol en une rosette dense. Les feuilles couvertes de petits poils ont la forme d’une spatule, elles sont légèrement dentées et leur nervure centrale est bien visible. Dans certains ouvrages, il est même dit qu’elles n’ont qu’une seule nervure au centre. Ceci m’a intrigué et j’ai alors bien observé les pâquerettes que j’ai cueillies au bord du chemin d’à côté. Elles ont bien la nervure centrale parfaitement dessinée mais elles ont aussi de petites nervures, certes peu nombreuses et peu visibles, allant vers l’extérieur de la feuille.

Feuilles de pâquerette - photo Andreas Rockstein
Feuilles de pâquerette – photo Andreas Rockstein

Capitule floral à nombreuses minuscules fleurs

Du milieu de la rosette de feuilles se dresse le pédoncule sur 5 à 20 cm de hauteur qui porte l’unique capitule floral. Ce que l’on nomme la fleur de pâquerette est en réalité un ensemble de dizaines de fleurs posées sur un réceptacle commun. Au centre, ce sont des fleurs tubulées jaunes, en forme de tube, alors que sur la périphérie ce sont des fleurs ligulées blanches, souvent roses en dessous, en forme de languette. Quand on retourne le capitule floral, on aperçoit les bractées. Ce sont ces petites feuilles vertes qui entourent et protègent le bouton floral avant son épanouissement. Le pédoncule ainsi que les bractées sont finement velues.

Bouton floral de pâquerette - photo Steve Chilton
Bouton floral de pâquerette – photo Steve Chilton

Avez-vous déjà cueilli des pâquerettes un jour de temps couvert ? Elles sont comme mon mari : par temps moche, il boude et aime rester sous a couette… Quand il n’y a pas de soleil, les pâquerettes restent fermées. Le soleil sort et elles s’épanouissent. Même qu’elles suivent la course du soleil pour « bronzer » face tournée vers lui. Mais dès qu’il se couche, elles se referment de nouveau, attendant les rayons du jour suivant. On appelle ce genre de comportement l’héliotropisme.

Un peu, beaucoup, passionnément…

C’est donc un jour de beau temps qu’il est le plus propice, assis au milieu d’une prairie de pâquerettes, de se poser la question fatidique : il m’aime un peu, beaucoup, passionnément… ? Si vous craignez la réponse, vous pouvez toujours vous occuper à tresser une couronne de fleurs, en attendant de trouver le courage d’affronter la vérité. Pour cela, incisez le pédoncule en dessous de l’inflorescence avec l’ongle afin de faire glisser une autre fleur dans cette « boutonnière ». Procédez pareil jusqu’à avoir la longueur souhaitée et fermez la couronne en glissant la première fleur dans la « boutonnière » de la dernière. Couronné(e) de beauté et de courage, la vérité sera peut-être plus facile à entendre.

Je vous signale quand même que les francophones ne prennent pas beaucoup de risque à ce jeu… En allemand, Il n’a y a que deux réponses à la question « Er liebt mich, er liebt mich nicht…. » (Il m’aime, il ne m’aime pas) et l’une d’elle est clairement NON.

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Au ras des pâquerettes

La pâquerette apparaît la plupart du temps en colonies. On la trouve essentiellement dans les prairies, pelouses (qui peuvent être naturelles) et les gazons (pelouses artificielles). Qu’est ce que ces habitats ont en commun ? Ils sont fauchés ou pâturés. En effet, sans cela, la pâquerette se ferait dépasser et étouffer par des herbes plus hautes qui s’installeraient. D’ailleurs, la pâquerette s’est largement répandue avec l’instauration des pelouses dans les parcs et jardins qui sont régulièrement tondues. La rosette de feuilles, bien collée au sol, résiste à la tondeuse et la plante peut tranquillement continuer à pousser… au ras des pâquerettes.

Pâquerettes en fleurs
Pâquerettes en fleurs

Il existe d’autres espèces de bellis, dont la bellis annua, pâquerette annuelle, et la bellis sylvestris, pâquerette des bois ou pâquerette d’automne, qui sont annuelles et poussent en région méditerranéenne. Une confusion ne serait pas grave car aucune de ces espèces n’est toxique.

Vertus de la pâquerette

Il est dit que celui ou celle qui mangera les trois premières pâquerettes de l’année sera préservé(e) l’année durant de maux de dents, maladies des yeux et de fièvre. Et celui ou celle qui porte sur lui/elle des pâquerettes séchées, cueillies le jour de la Saint Jean entre 12 et 13 heures, réussira tout travail important ! En effet, la pâquerette a de nombreuses vertus dont la médecine s’est presque entièrement désintéressée. Voilà les principales propriétés que j’ai trouvé dans mes sources.

  • Effet bénéfique sur la peau
    • On peut se servir de l’infusion de pâquerette pour nettoyer la peau, lui redonner tonus et vitalité.
    • Le macérat huileux de pâquerette aurait un effet galbant sur les seins car il raffermit les tissus.
    • Prise en interne par infusion ou teinture, la pâquerette a une action dépurative. Plus les toxines sont évacuées par les intestins, moins la peau a besoin de s’en charger et mieux elle porte.
  • Anti-hématome: En cas de traumatismes, coups, entorses… la pâquerette peut être employée comme l’arnica. Ce qui lui vaut le nom de « petit arnica ».
  • L’infusion ou la teinture diluée ont une action antibactérienne et peuvent servir pour désinfecter des blessures.
  • Vulnéraire, la pâquerette aide à cicatriser, par application de cataplasmes de la plante écrasée.
  • En cas d’irritations de la bouche ou inflammations du tube digestif, l’infusion peut agir comme anti-inflammatoire des muqueuses.
  • La pâquerette est astringente et émolliente et soulage en cas d’affections des voies respiratoires.
  • Les anciens la conseillaient comme tonique printanière pour nettoyer le sang.
  • Elle serait capable de réguler le métabolisme du calcium et serait ainsi utile en cas de nodules calciques, décalcifications et fractures.

La pâquerette guerrière

Surprenante cette petite plante tellement commune que l’on ne fait même plus attention à elle… D’ailleurs, il existe une théorie selon laquelle son nom bellis perennis ne viendrait pas de bellum, joli, mais de bello, guerre. Elle devait bien être présente sur de nombreux champs de bataille et utilisée pour soigner les blessures… Si vous souhaitez plus de détails sur les utilisations médicinales de la pâquerette, le vous conseille d’aller voir l’article et la vidéo d’Altheaprovence.

De la liste des vertus on peut facilement faire le lien avec ses constituants. La pâquerette contient des saponines et mucilages (effet émollient et expectorant), une huile essentielle antibactérienne, des substances amères (effet dépuratif) et tanins (effet astringent), de l’inuline, comme beaucoup d’astéracées (voir mon article sur le pissenlit), ainsi que du potassium, calcium, phosphore, magnésium, fer, vitamine A et C et des protéines.

La pâquerette en cuisine

Vous aussi, vous vous dites que vous ne voulez plus passer à côté de tout ça ?! Si vous êtes plus « bon petit plat » qu’ »infusion », pas de problème, les pâquerettes se mangent à toutes les sauces. Le goût des feuilles est rafraîchissant, légèrement piquant, un poil amer et un peu acide. Celui des fleurs est plus doux, fruité, un peu piquant et légèrement amer.

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Qu’il s’agisse des feuilles ou des fleurs, pédoncule compris, on peut les manger crues comme cuites. Les feuilles tendres ont une consistance croquante et agréable et font de bons ajouts aux salades. Une salade entière de feuilles de pâquerettes risque par contre d’être trop piquante et d’irriter la gorge. Mais elles peuvent aussi entrer dans la composition d’un fromage blanc aux herbes ou d’un pistou. Les feuilles plus âgées sont plus coriaces mais s’emploient très bien cuites en légume, soupe, en ajout d’une purée ou d’une poêlée de légumes ou dans la garniture d’une quiche.

Cueillette de fleurs de pâquerette
Panier de fleurs de pâquerette

Les fleurs décorent merveilleusement les plats. Enfermées dans un glaçon, elles font sensation dans un verre d’apéritif. Vous pouvez les ajouter en plus grande quantité dans les salades ou les salades de fruits ou dans les gâteaux. (Voir aussi mes gaufres aux fleurs de pâquerette.) On peut les confire dans du sirop de sucre ou en confectionner un vin aromatisé. Mais en version salée, les fleurs de pâquerettes sont excellentes également. Pourquoi pas une omelette aux fleurs de pâquerette ? Une recette classique est celle des boutons floraux au vinaigre qui peuvent être servis comme des câpres, par exemple dans des plats de poisson.

J’ai lu que même la racine de pâquerette se mange. J’en ai alors déterrée une pour goûter. La racine a le même goût un peu piquant que le reste de la plante. Par contre, pour s’en préparer un plat, il faut se munir de patience… Car il n’y a pas vraiment beaucoup de masse à manger et il faut du temps pour nettoyer ces fines racines filandreuses… De même, les toutes petites graines de pâquerette se mangent. Mais leur récolte est également fastidieuse.

Pour ma recette aux pâquerettes de cette semaine, j’ai choisi les fleurs en version salée.

Galettes de quinoa aux fleurs de pâquerette

Ingrédients pour environ 12 galettes

Ingrédients

  • Un demi bol de fleurs de pâquerette
  • Un bol de quinoa cuit
  • 1 carotte
  • 1 oignon
  • 2 œufs
  • 3 cuillerées à soupe de tamari (sauce soja)
  • Huile d’olive
  • Sel, poivre
  • Eventuellement 2 cuillerées à soupe de farine

Préparation

Râper la carotte, ciseler l’oignon.

Dans un saladier, battre les oeufs avec le tamari et mélanger avec le quinoa.

Oeufs et quinoa

Ajouter l’oignon ciselé et la carotte râpée. Incorporer les fleurs de pâquerette. Saler, poivrer.

Si le mélange a du mal à tenir, ajouter 2 cuillerées à soupe de farine.

Pâte à galettes

Chauffer de l’huile dans une poêle. Quand elle est bien chaude, poser des tas d’une cuillerée du mélange dans la poêle. Bien tasser et tapoter les bords pour former une belle galette.

Réduire le feu et cuire 2 à 3 minutes de chaque côté.

Galettes à la poêle

Servir avec une salade verte, décorée de fleurs de pâquerette.

Galettes de quinoa aux fleurs de pâquerettes

J’ai été très agréablement surprise par le moelleux qu’apportent les fleurs dans cette recette. Le goût est top. En tout cas, mon équipe de dégustation et moi-même avons bien aimé 😊.

C’est parti pour la cueillette !

Ça vous donne envie de vous mettre à la cueillette ? N’hésitez pas, il n’y a pas plus simple que de ramasser des pâquerettes ! Et vous n’avez pas de crainte à avoir, elles repousseront aussi vite.

Je vous souhaite beaucoup de plaisir lors de vos cueillettes et vos préparations. N’hésitez pas de m’en parler dans les commentaires !

A la semaine prochaine pour une nouvelle plante et une nouvelle recette.

 

 

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11 thoughts on “La pâquerette – belle à croquer

  1. Bonjour à vous et merci pour tous vos articles! Concernant les pâquerettes, j’aimerai savoir si la pâquerette des murailles (ou vergerette de karwinski) est tout autant comestible car je ne trouve nulle part d’information sur celles ci! et j’en ai partout chez moi! et aussi peut elle être médicinale ?? merci infiniment pour votre réponse!

  2. Bonjour, je découvre votre site en cherchant comment cultiver le chénopode géant qu’un site de grainiers proposait. Du coup, ravie de savoir que j’en ai déjà du blanc à profusion chaque année !!

    Je ne savais pas non plus que les pâquerettes étaient comestibles ! Encore un cadeau qui pousse déjà dans mon jardin.

    Merveilleux, j’ai hâte d’en apprendre plus au fil de vos pages.

    Merci infiniment pour les premières recettes offertes dans votre e-book.

  3. Bonjour Nathalie !
    J’adore la pâquerette en salade ou j’en picore une de temps en temps en passant dans ma pelouse. Trop bon ! C’est dommage que personne n’en parle. D’autres fleurs sont présentes dans les assiettes des restaurants alors que leur goût n’est pas vraiment terrible.
    Merci à vous d’en avoir parlé !

  4. Merci pour votre article sur la pâquerette, je découvre votre site et votre style est très agréable, je le mets dans mes favoris. J’utilise pas mal de fleurs en cuisine et j’aime chercher de nouvelles idées votre quinoa en galette fera parti désormais de mes recettes.
    Bonne journée

  5. bonjour, nous sommes un nouveau SEL (système d’échange local) situé à Massy. Nous avons choisi la pâquerette comme unité d’échange. Notre ville a choisi depuis plusieurs années de. ne plus utiliser de produits phytosanitaires et nous pouvons donc cueillir des pâquerettes. Je me suis permis de communiquer votre article sur cette fleur avec un lien vers votre site que je trouve le plus agréable et le mieux documenté sur les plantes comestibles.Succès sur Facebook au point que j’envisage de venir participer à un stage à Châtillon.Cordialement et merci pour ce site.

    1. Merci beaucoup pour votre message et votre intérêt. Les articles sont là pour être partagées ! Avec grand plaisir. Châtillon-sur-Loire n’est pas si loin de la région Parisienne. Entre la Loire, les canaux et les plantes c’est une jolie destination de week-end. Au plaisir de vous rencontrer, et d’ici là, bons échanges aux pâquerettes !

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